La dimension corporelle de l’expérience créative

Voir la création comme une équation qui place devant un inconnu, afin qu’elle agisse sur le positionnement intérieur de l’artiste, sur la façon dont il se met en mouvement, dont il rentre dans l’action et en action. Créer se doit d’interpeller tout un langage d’impressions qui demande à être exprimé tel quel. C’est restituer ces impressions passagères pour que les choses soient dites, qu’elles passent par et à travers les corps qui les exprime. C’est l’occasion rêvée d’une invitation à sortir de schémas établis où l’esthétique fait place à l’efficacité et donne la priorité à toutes formes de mouvements. Une porte ouverte à tous les possible où le mouvement est libre d’emprunter la voie appropriée à la situation. Interroger le corps à partir de lui-même en respectant le fait : « qu’il se sent et se sait exister de lui-même » et « qu’il est toujours là où il a quelque chose à faire ». Une philosophie « de l’immédiateté et du provisoire » qui priorise l’improvisation et l’aléatoire.
La dimension créative de l’expérience corporelle
Avec l’intitulé « Théâtre Trans-Chorégraphique », j’interroge la façon d’aller au-delà d’une danse préétablie « comme telle » qui impose un type de mouvements à un corps exécutant. J’explore une mise en espace et en mouvement de l’action qui repositionne le corps comme sujet agissant et non comme objet soumis à une discipline artistique ou autre. Une interrogation qui donne un autre sens à l’écriture chorégraphique, celui d’un mouvement modelé par le désir, élément racine de l’action. L’adage « désir-intention d’action-action-Mouvement » est le conducteur de composition de mon écriture. Il me permet de scénographier des corps par des actes simples, appropriés, permettant à l’essentiel d’émerger et d’être en juste accord avec le propos. Un moyen artistique de proximité au travers duquel tout le monde se reconnaît.

Le spectacle vivant outil de reliance sociale

L’engagement citoyen de l’artiste et l’engagement artistique du citoyen forment la trame de fond de mon approche pour un art de proximité, fédérateur des populations. Mes projets trouvent leur place sur le territoire urbain comme espace d’inspiration et théâtre de mes actions artistiques. Aller à la rencontre d’un quotidien ordinaire, laisser les moments de vie propulser un élan créatif, les lieux publics modeler une composition, les objets usuels façonner une gestuelle au travers d’un corps protagoniste et lieu de tous les possibles. Le spectacle dépouillé de ses habits d’apparats, dépossédé de ses artifices se montre vivant, il s’offre « tel quel » par la seule présence de la corporalité qui fait de l’humain, la matière première de l’œuvre artistique. Tout doit être mis en œuvre pour que fonctionne le miroir dans lequel le public puisse se reconnaître. Être attentif à cet aspect des choses, c’est positionner les arts du spectacle comme langue « semence » d’humanité et d’universalité.